4 mai 2022

Quelques jours après la réélection d'Emmanuel Macron à la tête de notre pays, et à quelques semaines des éléctions législatives, je vous prie de trouver ci-après ma tribune publiée ce jour dans L'Opinion.
« Pour davantage d’efficacité et de collégialité de la part du gouvernement et du Parlement »
La réélection d’Emmanuel Macron change la donne. Elle a installé une situation inédite : celle d’un Président qui ne pourra institutionnellement pas se représenter à l’issue de son mandat. C’est-à-dire qu’il ne pourra plus avoir comme objectif de se faire réélire mais pourra se concentrer uniquement sur la réussite du pays. C’est un objectif que nous devons tous partager et fixer comme priorité.
Les circonstances de sa réélection, avec la forte poussée des extrêmes et la relative faiblesse des débats sur les véritables enjeux de l’avenir de notre société, ont laissé un goût amer à une grande partie de nos concitoyens. Des résultats en demi-teinte, un contexte de crise sanitaire et économique, des violences infusées dans la société et une certaine verticalité du pouvoir ont installé un sentiment de défiance de la part de l’opinion, auquel il faudra répondre sur le temps long.
Une grande centralisation et une façon de gouverner assez verticale ont souvent donné une impression d’arrogance et n’ont pas permis d’obtenir les résultats escomptés. Les tensions sociales engendrées par la réforme des retraites ou la crise des Gilets Jaunes en ont été la conséquence. Le manque de résultats en matière de sécurité, de justice et de contrôle de l’immigration a exacerbé les tensions pourtant prévisibles d’une partie croissante de la population. C’est en musclant notre démocratie que nous parviendrons à apaiser. Ce sera par des dialogues de qualité, francs et argumentés qu’elle s’émancipera davantage sans avoir besoin de passer par des référendums à répétition.
Danger. Les électeurs ont exprimé très clairement une fracture avec la politique menée, à la fois générationnelle et sociale. La progression de l’extrême droite et de l’extrême gauche ne peut réjouir personne et oblige la majorité comme l’opposition à œuvrer différemment. Répéter le même schéma que lors du quinquennat écoulé risquerait de provoquer un second tour entre Mélenchon et Le Pen, ou leurs héritiers, en 2027. Les colères ou les désaffections qui s’expriment contre le manque de résultats des partis de gouvernement aboutissent à ce qu’une part croissante de nos concitoyens doutent des bienfaits du système démocratique dans son ensemble, c’est là qu’est le danger principal. La cohésion nationale et la sauvegarde de la démocratie passeront par de meilleurs résultats, par le dépassement d’oppositions souvent stériles observées entre le gouvernement et les assemblées au dernier quinquennat.
Lors de son discours au Champ-de-Mars pour célébrer sa victoire, le Président Macron a annoncé « une nouvelle méthode » de gouvernement et affirmé la nécessite de « répondre avec efficacité aux colères qui se sont exprimées ». La revitalisation démocratique passera en premier lieu par le gouvernement, qui devra faire preuve de davantage de concertation, d’écoute et d’aptitude à négocier. Tant le Président que les organisations syndicales, comme la CFDT ou le Medef, ont annoncé souhaiter un changement de méthode. Ce changement de méthode doit s’étendre jusqu’aux parlementaires.
« Pour redevenir un parti de gouvernement, la droite devra être associée davantage aux réformes qui font partie de ses priorités. Les convictions n’empêchent pas les dispositions au dialogue constructif et productif »
Outre les différences d’approche stratégique autour des élections législatives, c’est le rôle des élus de la droite et du centre dans son ensemble qu’il faudra repenser. Le nouveau quinquennat et les 4,7 % obtenus à l’élection présidentielle nécessitent de redéfinir la façon de travailler des parlementaires de l’opposition. Pour redevenir un parti de gouvernement, la droite devra être associée davantage aux réformes qui font partie de ses priorités. Les convictions n’empêchent pas les dispositions au dialogue constructif et productif. De plus, ce qui peut se régler collégialement au Parlement s’exprime d’autant moins dans la rue.
Dépassement. Le réarmement, la réforme des retraites, les mesures d’urgence pour préserver le pouvoir d’achat face à l’inflation, la réforme des allocations-chômage ou encore la construction de nouvelles centrales nucléaires vont constituer autant de sujets qui font partie des priorités de la droite de gouvernement et devront être celles de la France des années à venir.
Ce nouveau quinquennat doit aussi être l’opportunité du dépassement entre « populistes » et « progressistes » et solliciter les compétences collectives là où elles se trouvent. La droite, majoritaire au Sénat, est très crédible sur les sujets économiques, régaliens, éducatifs et territoriaux pour aider à obtenir de vrais résultats.
C’est avec davantage de responsabilité et moins d’affrontements partisans que l’on pourra redresser le pays et apaiser les tensions ; c’est aussi ainsi que la droite de gouvernement, au sens large, retrouvera de la crédibilité.
Céline Boulay-Espéronnier
Sénatrice rattachée LR de Paris
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